Villeroy - 5 septembre 2008 - VIVRE EN SEINE ET MARNE

Publié le par Sylvie


Heureux ceux qui sont morts dans les grandes batailles
Couchés dessus le sol à la face de Dieu...
Heureux ceux qui sont morts pour leur âtre et leur feu
Et les pauvres honneurs des maisons paternelles...
Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournés
Dans la première argile et la première terre.
Heureux ceux qui sont morts dans une juste guerre,
Heureux les épis mûrs et les blés moissonnés.




DE VRAIS TAXIS de la Marne, près de cent figurants,  (dont Jean-Pierre, mon frère), un village aux couleurs de 1914…

La journée du 5 septembre 1914, début de la bataille de la Marne, a été reconstituée grandeur nature le dimanche 6 septembre 2008  de 10 heures à 17 heures, à Villeroy.

A 10 heures, au son du clairon, un soldat donna le coup d’envoi des événements.
A 13 h 45, la bataille commença avec, vers 15 heures, l’attaque d’un avion piloté par un voltigeur qui bombarda le champ où Charles Péguy a trouvé la mort il y a 94 ans.



UNE BALLE de mitrailleuse allemande en pleine tête a fait tomber l’écrivain et poète français dans les champs de Villeroy, le 5 septembre 1914, quelques semaines après le début de la Première Guerre mondiale. Militant socialiste, dreyfusard mais aussi lieutenant de réserve, Charles Péguy venait de prendre le commandement des troupes aprèS le décès de tous ses supérieurs.

Il repose à Villeroy dans une fosse commune auprès de ses hommes.

fosse d'origine

Monument actuel (le terre-plein en gravier rose est l'emplacement de la fosse)


À quarante et un an, le fondateur-gérant des Cahiers de la Quinzaine , le chantre de Jeanne d'Arc, est l'un des premiers morts de la bataille de la Marne.

Le 17 septembre, l'écrivain nationaliste Maurice Barrès, dans un article paru dans L'Écho de Paris , lui confectionne une auréole : « Le voilà sacré ». La légende dorée s'empare de son image. Symbole du retour à la foi durant sa vie (« athée de tous les dieux », Péguy a amorcé un retour au catholicisme vers 1907), Péguy devient dans sa mort le symbole du patriote tombé au champ d'honneur, réalisant à sa manière la synthèse idéale du « sabre et du goupillon ».


Bras droit du capitaine Pierre Guérin, ancien « bat'd'af' » affligé d'une forte claudication, Péguy est le plus ancien officier en âge et en grade, et en réalité, c'est lui qui dirige la 19 e compagnie. Exhortant énergiquement la troupe de sa voix métallique, il n'est pas seulement résigné : il est gai. Tel un soldat de l'an II, il ne cesse de siffloter la « Carmagnole » ainsi que des chants de marche plus ou moins grivois qu'entonnent ses « gars ». « C'est merveille de voir l'entrain de cet homme », remarque Boudon.


Mais les événements vont se précipiter. Fin août, le ministre de la guerre et de la défense, Alexandre Millerand - par ailleurs grand ami de Péguy (il en fut aussi l'avocat) -, donne l'ordre de « défendre la capitale à outrance », sous la direction de Gallieni, gouverneur militaire de Paris.


Les Allemands sont à 20 km de Paris. Le bataillon de Péguy avance difficilement au milieu des champs de betteraves et d'avoines non fauchés. Afin d'échapper aux rafales et aux éclats d'obus, le lieutenant crie de temps à autre : « Couchez-vous ! En carapace ! ». Mais lui-même se protège fort peu.


Le bataillon reçoit soudain l'ordre d'enlever le village de Monthyon baïonnette au canon, sous le feu des mitrailleuses et de l'artillerie allemandes positionnées à trois kilomètres de là. Ordre insensé, qui revient à envoyer les soldats au casse-pipe ... Durant cette opération, que fait Péguy ? « Il est au milieu de nous, insouciant des balles qui le visent et le frôlent dans de sinistres «  piuuu. piuuu !.  », debout, courageux, admirable, courant de l'un à l'autre pour faire activer le feu », note Boudon. Tout à coup, l'invraisemblable se produit : les Allemands reculent. Il faut lancer l'assaut final. Au cours de l'action, le capitaine Guérin est frappé par une balle qui le tue sur le coup. Péguy tire son épée du fourreau et s'écrie : « Le capitaine est tombé ! Je prends le commandement ! Suivez-moi ! En avant ! À la baïonnette ! ». La violence du feu ennemi est telle qu'il ordonne à ses hommes de se coucher. Mais lui reste debout , lorgnette à la main. « Feu à volonté ! », crie-t-il. Les hommes tombent, tandis que Péguy, sourd aux appels à la prudence de ses hommes , reste droit, inflexible « comme un défi à la mitraille » - «  glorieux fou dans sa bravoure  », écrit Boudon, dans un passage nous semble-t-il révélateur. C'est dans cette position qu'il se fait faucher par un tir ennemi. Un témoin, Henry d'Estre, décrit son corps sans vie, « couché sur le ventre, le bras gauche replié sur la tête (.) L'expression de son visage est d'un calme infini. »


Il est heureux que des villes et villages continuent à commémorer "la grande guerre" et que des hommes et des femmes y prennent part. Histoire de montrer aux plus jeunes et aux plus vieux que cela doit rester de l'histoire ancienne !

Dès que j'aurai d'autres photos de cet évènement, je ne manquerai pas de vous en faire profiter !





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